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Last night, sans dj qui save la life, 2021

Exposition chorégraphiée, 

à l'Atelier 8, Collectif Bonus, (Nantes)

du 2 au 24 juillet 2021

Vues de la performance,

Last night, sans dj qui save la life,

jouée avec Lucile Fond

activée le 2 juillet 2021

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Miss.ter bamboche, 2020-2021

série de personnages

céramique, tissu, téléphone portable

dimensions variables

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Le temps qu’il fait, le temps qui passe. , 2021

matériaux mixtes,

dimensions variables

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Le temps qui passe, round 1, 2020

vidéo couleur, 2’20,

avec Rémy Drouard & Louise Porte

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Ce besoin tactile, 2020

céramique

dimensions variables

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Déplacer le geste, 2021

partitions de danse,

impression risographie, feutre, métal

dimensions variables

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Des corps et décors

 Texte de Cynthia Gonzalez-Bréart

 

 

Elle dit : Qu’est-ce que l’histoire?

Et il dit : L’histoire est un ange emporté à reculons dans l’avenir

 

 

20h. Elle rentre chez elle après le travail ; baguette à la main, croque croque. Les rues nocturnes sont inhabituellement calmes et désertes. On dirait une scène de film de zombies, ou alors un lendemain d’apocalypse. Elle avance d’un pas régulier et constant, un pied devant l’autre, avec une énergie qui propulse son corps en avant, toujours en avant et vers sa destination habituelle.

 

Derrière elle, tout à coup, un bruit de pas régulier, une respiration rapide la dépasse par la gauche, par la droite ; ils sont partout à présent, tous en même temps. Ils semblent se rassembler à la manière des oiseaux, comme s’ils se préparaient à la migration. Leurs couleurs exotiques et fluorescentes les distinguent des autres passants, ainsi que leur visage découvert ; ils semblent aussi plus athlétiques que la moyenne.

 

Tout à coup, ils disparaissent et elle se retrouve à nouveau seule dans la rue. Où allaient-ils, tous ces joggers, ce printemps-là, il y a plus d’un an maintenant ? 

D’où venaient-ils ?

Etaient-ils là depuis toujours ?

 

Ou peut-être une tranche de population de gens obsédés par le fitness a-t-elle pris son envol du fait de l’air exceptionnellement pur ? Une sorte de flash-mob très en forme, sillonnant les rues à une vitesse étourdissante contrastant avec l’immobilité générale ?

 

x

 

Dans l’espace se trouve une fenêtre ; pas une vraie fenêtre mais son évocation sous la forme d’un paysage aux contours indistincts. On y reconnaît vaguement des arbres, un peu de végétation et peut-être un vallon. Rien n’y est très précis car la scène est voilée par une brume épaisse qui se déchire par moments. Il n’y a en fait pas grand-chose à voir, pour l’instant. On pourrait peut-être attendre que la brume se dissipe, avec un peu de chance.

 

Dans « Last night sans DJ qui save la life », il existe une approche égalitaire de la forme et la non-forme. Ce que Louise Porte nous montre dans ce qu’elle esquisse est aussi important que ce qui n’est pas donné à voir, ce à quoi nous n’avons pas accès. Il fait appel à d’autres sens ; nous percevons presque le boum boum boum qui accompagne cette ode à la vie nocturne de Indeep, auquel le titre de l’exposition fait référence.

 

Les figures poétiques de la performance — Louise Porte et la danseuse Lucile Fond — qui s’est tenue ici sont tout aussi présentes, en dépit de leur absence. Bien qu’on ne les distingue plus, posant ensemble, habitant cet espace, elles ont laissé des signes évoquant ce qui a pu se passer là. Les « partitions » qui ont guidé les mouvements des danseuses, Déplacer le geste ; ce besoin tactile, les gants de céramique qu’elles ont portés ; les masques sculptés, ont tous été imprégnés par la logique de cette gestuelle, propre à la communauté éphémère que la performance leur a offerte. Ils ont été abandonnés là pour consultation – une archive de fragments – ou peut-être une compagnie pour miss.ter bamboches, les sculptures-personnages humanoïdes dont l’énergie vitale semble avoir été sapée. Malgré leurs tenues sportives, elles semblent être en animation suspendue.

 

Alors que la vision est parfois mise à l’épreuve, le langage aussi est brouillé dans ce cadrage vidéo de deux personnages masqués discutant de plus en plus confusément en résultat du doublage de la piste audio. La discussion, agrémentée par des remplissages et artifices de conversation que nous utilisons au quotidien, fait écho à cette brume épaisse qui blanchit l’horizon dans le temps qu’il fait, le temps qui passe.

 

Le DJ a quitté la scène. Si au milieu des décombres de la culture occidentale, patriarcale, standardisante, si nous ne pouvons plus nous fier à ce que nous voyons, si face à un mur de paroles inintelligibles (horror vacui ?) ; de quels outils épistémologiques pouvons-nous nous saisir afin d’imaginer et construire quelque chose de nouveau ?

 

La réponse se trouve peut-être derrière la brume, quelque part dans un « after ».

 

Cynthia Gonzalez-Bréart

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